Une nuit mouvementée

La nuit, la foret était plutôt lugubre.
Ce n'était pourtant pas la première fois qu'Elyxiria voyageait de nuit mais, sans son dragon a ses cotés, elle se sentait un peu seule. Elle avait envoyé Ammarilla en reconnaissance dans les environs, peut être n'aurait-elle pas du..
La jeune fille repensait a ce qu'elle avait trouvé ces cinq dernières années: rien. Le néant. Elle ne se connaissait pas plus que le jour ou elle s'était réveillée dans les ruines de ce qu'elle pensait être un château. Elle cherchait mais en vain.
Cela l'énerva et elle s'arrêta. Elle s'assit sur un caillou en regardant les feuilles dans la pénombre. Les arbres étaient très hauts et elle n'apercevait qu'un petit bout de ciel étoilé.
Elyxiria errait sans but précis dans cette foret. Que pensait-elle trouver? Un elfe qui lui raconterait toute sa vie? Elle n'était pas idiote. Elle caressa machinalement sa cicatrice en forme de lune bleue.
Soudain elle perçut un mouvement, les feuilles remuaient sur sa gauche et pourtant il n'y avait pas de vent. Elle se leva sans bruit et fixa cette direction en position d'attaque, prête a bondir sur la chose qui oserait l'approcher. Le bruit se était plus proche. La jeune fille approcha sa main de sa cuisse au cas ou elle aurait a attraper le poignard qu'elle dissimulait. Le bruit s'arrêta et on ne pouvait entendre que la respiration discrète de l'elfe. Elle attrapa le poignard et le brandi devant elle en signe de menace, attendant de nouveau un mouvement dans les branchages. Elle scruta les arbres et la découvrit enfin a coté d'un arbre mort: une silhouette sombre.

[HS= Tu peux faire une mise en page avec des paragraphes ou des couleurs de sorte à t'approprier ce que tu écris ^^]

L'homme avançait doucement dans la nuit, il avait flairé sa proie. L'odeur délicieuse qui émanait d'elle enivrait tous ses sens, bientôt le sang chaud coulerait dans sa gorge, ses lèvres brulantes se poseraient implacables sur sa victime et ses crocs plantés dans la chair tendre ne s'y détacherait qu'à la fin de son repas. Il la traçait depuis un moment déjà, mais elle bougeait sans cesse et l'empêchait de l'approcher en fuyant promptement à chaque fois que le vampire se trouvait trop près. Agile dans la forêt, la biche le distançait bien trop facilement et tourmentait son estomac vide. Mais là, elle ne pouvait plus fuir, l'homme la tenait, le bosquet large lui permettait de sauter directement sur l'animal et de l'égorger sans plus de préavis.

Au moment où il allait se lancer, Rey vit fuir la bête à sa plus grande fureur. Il n'avait pourtant fait aucun bruit! Mais la fautive de la disparition de son repas se manifestait bien vite. Une jeune fille aux longs cheveux blond entra dans la clairière sans avoir conscience qu'elle venait de s'attirer les foudres du jeune homme et qu'elle allait bientôt en pâtir. Mais son rôle de général pris le dessus sur l'instinct de chasseur et le vampire étudia la nouvelle arrivante. Son rôle premier en tant que serviteur de l'Empire était de repérer les probables guerriers et dragonniers qui pourraient épouser sa cause de gré ou de force. Tel était sa mission.

La femme semblait seule et bien plus qu'inoffensive, au final, elle remplirait très bien son estomac. Aucune arme, aucun allié, elle devait être résolument bien bête pour s'aventurer aussi loin de la bergerie. Mais le vampire se méfiait, il voyait distinctement ses deux oreilles pointues et savaient les elfes rapides et forts. Peut-être était-ce même lui le fou pour s'être aventurer aussi loin sur les terres de ses ennemis. Il avança un peu mais la belle ingénue le repéra immédiatement, elle avait l'ouïe fine la petite, et c'était mis ridiculement de manière offensive. Un sourire ironique étira les lèvres de l'éphèbe tandis qu'il sortait du couvert des arbres.

"Il est bien tard pour sortir se promener demoiselle, de nombreuses bêtes rodes."

A ces derniers mots, la bouche de l'homme s'en trouva et laissa apercevoir ces longues canines tandis que ses yeux orangés viraient aux rouges. La faim le minait...

La silhouette s'était maintenant avancée et la jeune fille pouvait a présent distinguer ses traits avec perfection. C'était un homme mais son odeur trahissait sa race: un vampire. Le nouveau venu était habillé de noir et était plutôt beau garçon. Elle fronça les sourcils après s'être fait cette réflexion. Mais ce ne fut pas son magnifique visage qui attira son regard mais les taches de sang qui le recouvrait.

Il lui sourit. Elle l'analysa plus comme étant de l'ironie. Il y avait de quoi, elle était piégée et tout ce que le regard du vampire exprimait était tourné vers la faim qui le hantait depuis plusieurs jours. Elle était sur le point de réfléchir aux alternatives qui s'offraient a elle quand elle entendit sa voix.
"Il est bien tard pour sortir se promener demoiselle, de nombreuses bêtes rodent."

Elle baissa sa garde, surprise par l'assurance de sa voix, mais garda le poignard dissimulé dans sa main au cas ou l'inconnu deviendrait dangereux.

Sa dragonne émît un sifflement de colère retentissant dans la tête d'Elyxiria. L'elfe lui conseilla de rester a l'écart, ne voulant pas signaler sa présence.
"Comme tu voudras, mais il ne m'inspire pas confiance alors méfies-toi et surtout fais très attention,"

"N'ayez crainte, leur odeur fétide trahie toujours leur présence."

Elle le regardait avec des yeux doux et un sourire radieux, attendant patiemment que l'inconnu baisse la garde, chose qu'il ferait tôt ou tard.

Le chasseur observait sa nouvelle proie avec attention. Plus agile, plus rapide, plus intelligente et surtout plus savoureuse sans équivoque que son repas initial, il ne lui tardait de la tenir résolument dans ses bras et de l‘enlacer dans une étreinte mortelle tandis que le sang délicieux apaiserait le feu de son gosier. Pourtant, il avait beau poser son regard goulu sur la jeune femme, il hésitait à se jeter farouchement sur elle. Les crampes d’estomac le lançaient douloureusement, nonobstant, il ne pouvait s’empêcher d’imaginer que la belle n’était qu’un leurre et que se terrait non loin un danger qu’il n’arrivait pas à déterminer. Son instinct de bête s’était considérablement renforcé à mesure de ses nuits blanches répétées et il semblait que se soir, il était plus en alerte que jamais. Invraisemblable que cela fut, le chasseur se sentait traqué et observé.

"N'ayez crainte, leur odeur fétide trahie toujours leur présence."

L’elfe renonça à sa posture agressive et adopta un faciès plus doux, ce qui eut pour effet d’apaiser quelque peu la tension régnant dans tous les membres du jeune homme. Mais le vampire restait crispé, ses muscles étaient bandés, près à l’attaque comme au repli. Rey n’était pas fou, Soowan absent, il ferait pâle figure au milieu d’une horde de ces ridicules elfes. D’ailleurs, il tiqua à la remarque de la jeune femme, était-ce une provocation qui lui était finement destiné ou de simples paroles sans consistance dont seules ces créatures méprisables avaient le secret? L’homme pouvait se targuer d’avoir une odeur plus qu’appréciable. Le sang qui tachait son pantalon était d’une exquise saveur, du moins pour lui-même et ses semblables. Suite à l’allusion de la blonde, le vampire mit alors le doigt sur se qui le gênait. Il fronça soudain les sourcils et renifla soigneusement l’espace qui s’offrait à lui. Il s’aperçût alors de l’odeur particulière de sa vis-à-vis.

Bien que le visage de la demoiselle transfigurait la candeur et la douceur à l’état pur, Rey resta sur ses gardes. Peu à peu, il prenait conscience que la douleur lancée par ses entrailles vides ne s’apaiserait que bien plus tard. Il lui faudrait attendre et patienter longtemps afin de vider enfin une créature apte à combler ses envies. Dardant sur la fille un regard résolument méfiant et affamé, le vampire tenta de l’amadouer afin d’en découvrir un peu plus sur cette étrange et piquant parfum qui lui brulait narquoisement les narines.

« Vous semblez être bien confiante en votre odorat demoiselle, cependant les odeurs se mêlent et se démêlent, ainsi, elles forment des saveurs étranges… tout comme la votre. Avez-vous un ou une amie qui fait route ordinairement avec vous, mais pour quelques obscures raisons se tint éloigné? »

Elyxiria comprit que le nouveau venu ne savait pas comment prendre sa remarque, qui avait été lancé avec tant de finesse qu'elle s'était surprise elle-même. Elle rit intérieurement. Le sourire qu'elle avait fourni aurait du le mettre sur la voie.. Les hommes étaient décidément bien décevants. Mais peu importait, elle ne faisait que confirmer ce qu'elle avait jadis affirmé.

Elle se rapprocha quelque peu de l'inconnu pour cacher l'immense gène qu'elle ressentit au moment ou l'albâtre posa la question. Ammarilla gronda mais il ne fallait pas qu'il la voit, son secret le plus cher serait alors découvert. Elle préférait jouer un rôle, bien ridicule a son goût, que d'avouer la proximité de son dragon.

"Vous savez pertinemment que vous ne pouvez compter sur moi pour répondre a cette question."

Il parut étonner de cette réponse arrogante fournie avec un sourire candide, mais ne connaissant pas la jeune fille, elle se dit qu'il ne pourrait anticiper ses mouvements. Elle prit alors une décision rapide même si celle-ci la mettrait en danger. Elle ne supportait plus de voir cet inconnu poser le pour et le contre sur l'elfe en tant que repas. Le caractère agressif d'Elyxiria fut alors stimuler et ses yeux se durcirent, gardant en contre partie son sourire angélique.

Elle bondit sur le jeune homme avec une vitesse qui l'a surpris elle-même. La rage assombrit l'elfe, elle détestait être bernée et préférait le voir flancher que de se voir couverte de son propre sang. Elle le plaqua au sol de toute sa force, une main sur son poignet et le poignard contre la gorge de l'intrus. Il aurait de se méfier d'avantage de cette fille innocente mais il avait commis la même erreur que tout ceux qu'elle avait éliminé au cours de ces cinq dernières années. Voila pourquoi un homme n'avait jamais conquéris son coeur, ils étaient beaucoup trop naïfs... Peut être lui fallait-il alors un homme capable de la surprendre...

Elle se pencha au dessus de lui de telle façon que leur visage n'étaient plus qu'a quelques centimètres.

"Je doute que tu puisses manger ce soir."

Un "racines" en elfique accompagna sa phrase et le jeune homme se retrouva prisonnier de la tête aux pieds.

"Vous savez pertinemment que vous ne pouvez compter sur moi pour répondre a cette question."

En effet, de ça, il s’en doutait et la réponse de la belle eut raison de ses doutes, ceux-ci étaient bel et bien confirmés. L’odeur du dragon était entêtante et menaçant, et se mêlait à celle enivrante du sang de l’elfe. Son arrogance par contre lui parut décalée avec sa physionomie de princesse, et le surprit. Il ne s’attendait pas à autant de verve dans une bouche aussi mignonne. Une lueur malveillante brilla soudain dans ses prunelles rouges, tandis qu’un pli cruel étira les commissures de ses lèvres fines. Qu’il en soit ainsi, la fille ne serait pas son repas, elle serait sa voix d’accès à une récompense qui comblerait sa soif pour un moment. Il était de son devoir de capturer et d’amener tout être susceptible de fournir les rangs de son maître. Ce qu’il remporterait pour le cadeau d’un jeune dragonnier le faisait déjà saliver et un frisson de désir lui parcourut l’échine. Bientôt, sa route vers le Du Weldenvarden ne serait plus veine et il serait rassasié, tant au niveau de sa faim que de son appétit de puissance et de reconnaissance. A moins que ce ne soit l’envie qu’on le laisse en paix après avoir réussi sa quête qui le taraudait le plus.

Si l’homme n’avait pas été aussi absorbé par ses rêves de marre de sang, peut-être aurait-il pus rien qu’entrapercevoir le changement d’attitude de la blonde, son regard doux devenue implacable, de même qu’il aurait remarqué son mouvement imperceptible pour un autre que lui. Mais son goût exquis pour la débauche et la luxure l’avait mené loin, bien trop pour qu’il ne puisse remarquer ces détails menaçants. Et ce fut avec surprise qu’il accueillit sur son torse musclé et entre ses bras taillés pour les massacres, la jeune femme qui venait de se jeter sur lui. Dans l’élan, le vampire se retrouva allongé sur le dos, la fille par-dessus, un couteau sous la gorge et rapidement ligoté par une espèce rampante qui sentait fort la terre et l’humidité: des racines venaient lui restreindre sa mobilité sur l’ordre de l’elfe après une petite boutade de la part de cette dernière. La situation, bien qu’étonnante et notamment frustrante pour l’être au sol, l’amusa beaucoup. Le visage furieux de la belle fit naitre un sourire narquois sur son faciès pâle. Une joie sauvage l’emplit, elle ne serait pas une proie facile et avait déjà une maîtrise passable de ses capacités. Le voyage du retour s’annonçait divertissant. Mais avant même d’y songer, Rey devait amener le dragon à se dévoiler, et pour cela, quoi de mieux que d’utiliser sa sœur d’âme qui était elle-même sous ses crocs.

Rey ferma les yeux tandis qu’un picotement lui traversait le corps. La chaleur dévorante du flux de magie courrait dans ses veines et telle une caresse sensuelle, installait en lui un contentement non feint. Il jeta un regard féroce à l’elfe avant d’élever la voix « Brisingr ». Aussi soudainement que les racines l’avaient enlacées, elles s’enflammèrent et leurs cendres furent emportée dans la nuit. Le vampire de nouveau libre, saisit vivement le poignet de la belle qui résista un instant avant de rendre face à la force de son assaillant, et l’obligea à lâcher son arme en le lui tordant. Se remettant debout, il la plaqua contre lui de sorte que le dos de la jeune femme soit contre son abdomen, avant de lui saisir ses deux poignets fins et fragiles d’une main et sa gorge de l’autre. Il la laissa se débattre quelques instants et s’amusa, méprisant, de sa position de faiblesse. Le jeune homme pencha alors la tête vers la blonde et inspire profondément. Des effluves délicieuses titillèrent son envie de mordre dans la chair blanche et de la nimber de rouge, ainsi que de sentir le sang chaud sur sa langue. Au lieu de ça, Rey se contenta de frôler son oreille du bout de ses lèvres et y murmura suavement.

« Soumet toi à ton roi et tu vivras. Je suis général de l’armée de ton suzerain, ne penses même pas à me reprendre par surprise, ta chance est passée. Bien, il est temps d’appeler ton dragon maintenant, la clairière sera bien assez vaste pour qu’il s’y pose. Appelle-le si tu veux vivre… »

La jeune fille eut a peine le temps de se réjouir qu'il se défendit avec tact. Il fut tellement rapide, tout se passa tellement vite, qu'en un rien de temps elle fut plaquée le dos contre son thorax, les poignets prisonniers, se débattant comme une furie. Sa force était impossible a contrer, même en y mettant de la magie et une concentration intense, elle savait qu'il aurait toujours le dessus. Pourquoi la nature avait-elle donné autant de force a l'homme...

Mais il la dégoûta encore plus avec cette proximité et en susurrant cette phrase pleine de contentement dans son oreille:

« Soumet toi à ton roi et tu vivras. Je suis général de l’armée de ton suzerain, ne penses même pas à me reprendre par surprise, ta chance est passée. Bien, il est temps d’appeler ton dragon maintenant, la clairière sera bien assez vaste pour qu’il s’y pose. Appelle-le si tu veux vivre… »

Non. C'était impossible. Elle avait perdu contre ce monstre sans pitié. Son énervement fut soudain a son point culminant: elle détestait par dessus tout perdre. Elle, une gagnante toute catégorie, une machine a réussite, qui n'avait jamais connu la défaite auparavant. Aujourd'hui, connaissant cette sensation, elle savait que plus jamais elle ne voudrait y regoûter, la fuyant comme la peste. Elle se résigna et arrêta de se débattre, préférant fermer son esprit. Elle pensa alors a l'intention de sa dragonne qui voulait la rejoindre "N'en fais rien, ne te montre surtout pas, je ne veux pas être réduite a l'esclavage et toi non plus. Rien ne lui prouve que tu existes, juste son odorat, mais c'est une preuve assez faible. Suis nous de loin et ne viens qu'a mon appel. Je te promets de me venger." Ammarilla avait peur pour sa maîtresse, et Elyxiria le ressentait dans tout son être, mais elle fit de son mieux pour la rassurer et la convaincre de rester a l'écart.

Elle ignora la douleur, assombrit son beau visage et fis de son corps celui d'une poupée de chiffon, fragile et léger, n'émettant plus la moindre résistance. Des larmes de honte coulaient en son fort intérieur,traversant tout son corps avec cette sensation de brulure, mais elle ne laissa rien paraître.

C'est d'une voix douce, frêle et faible qu'elle répondit:

"Je n'en ferais rien."

Elle visualisa l'image de son ennemi dans sa tête, se promettant une dernière fois qu'elle se vengerait en temps voulu.

La jeune femme contre son corps, sa chaleur et son odeur l’appelait sans cesse à l’irréparable. Tandis que sa main se crispait autour de la gorge de la faible créature, Rey parvenait avec difficulté à se détourner de l’appel du sang, il était affamé et la chair blanche de la belle lui semblait si tendre, si fine à déchirer et à en faire dégouliner le nectar vermeille. Mais l’inconfort ne s’arrêtait pas là, comme un écho à se qu’on lui avait arraché, une douleur fulgurante le lançait dans la poitrine. La présence d’une femme qu’il ne pouvait tuer, autre que sa reine, ne s’était pas imposée à lui depuis longtemps et aussi inattendu que cela fut-ce t’il, le remplissait d’un dégoût profond pour la créature qu’il tenait. Mais tous ses maux restèrent éternellement confinés en lui, un cadenas verrouillant l’entrée du sanctuaire secret qui renfermait son âme, son cœur, sa raison…

Le vampire sentit la belle lâcher prise et rendre les armes, du moins physiquement. Il la devinait néanmoins déterminée à protéger son compagnon comme le lui avait confirmé ses dernières paroles. Mais qu’elle parle ou qu’elle se taise, cela ne changerait rien, au final ce serait du pareil au même, il récupèrerait sa prise comme il l’avait toujours fait. Peu importe le moyen, le dragon finirait dans son filet, les ailes brisées, tout comme lui l’était. Il n’échouait jamais, sa passion entièrement dévouée à sa tâche, seul moyen d’oublier, d’alléger le fardeau qui le hantait… et le pourrissait.

Le regard orangé de l’homme délaissa un instant sa proie pour se fixer sur la faible lueur de la lune qui filtrait dans la clairière plus au moins dégagée. La nuit était bien avancée et il sentait qu’il n’était plus très loin. Dans quelques heures il serait de nouveau à ses côtés et remplirait le vide tortueux, il donnerait alors la chasse et ils pourraient rentrer victorieux au château. Victorieux et dans cette solitude réconfortante qu’était devenue leur. Le vampire lâcha tout à coup l’elfe et d’un mot l’attacha avec des liens magiques qui réduisaient néanmoins lentement son énergie mais étaient indestructibles tant qu‘il vivait et les nourrissait. C’était le prix à payer pour qu’elle ne s’échappe pas et ne lui file entre les doigts. Sans plus de galanteries, il la poussa avec mépris vers le couvert des arbres, ainsi, une arrivée intempestive ne pourrait les déranger, l’espace entre les arbres étant trop étroit pour y accueillir une créature de l’ampleur d’un dragon.

Ils avancèrent une bonne demi-heure entre les conifères épais avant de s’arrêter auprès d’un arbre un peu plus large que les autres. Là, sans un mot, Rey obligea l’elfe à s’y prostrer avant de lui jeter un regard menaçant se disant que si elle tentait de s‘enfuir, il l‘assommerait sans aucun préavis. Il balaya alors la zone des yeux, méfiant, puis en fit le tour rapidement cherchant des indices sur la présence d’un quelconque indésirable dans les alentours. N’en trouvant pas, il rejoignit la blonde qui s’était enfermé depuis le début de leur marche dans un cercueil de silence qu‘il n‘aurait voulu pour rien au monde violer. Moins elle l‘ouvrait et plus elle conservait ses chances de survivre. Le vampire s’adossa, lasse, à un tronc face à celui de sa captive et s’assit sur la terre humide. Il la détailla un instant puis se détourna dégouté. Ce n’était qu’une gamine, elle était bien loin de sa beauté et de son intelligence. Et encore plus de sa force de caractère.

Un frisson traversa son corps ankylosé et l’homme sombra rapidement dans un sommeil léger mais tourmenté. Il lutta quelques instants sachant la fille à l’affut de la moindre occasion pour prendre ses jambes à son coup. Mais la confiance en ses liens magiques et l’engourdissement qui s’insinuait dans tous ses membres eurent vite raison de lui. Peu à peu, ses paupières se fermèrent et le ramenèrent une nouvelle fois là-bas, sur le champ de bataille rongée par le feu et jonché de cadavres, les cris de la guerre résonnant dans son crâne. Une énième fois, il entendit ses supplications intolérables et sentit son sang chaud dégouliner le long de ses bras. Et encore une fois, il eut une sensation lointaine d’un liquide tiède coulant sur sa joue, comme venant d’un autre monde… Rey était de nouveau entre rêve et réalité.

La foret restait calme en cette nuit de honte. Elyxiria observait le ciel et murmurait dans son for intérieur des paroles réconfortantes a l'intention de son dragon "Oh Ammarilla je suis désolée, j'aurais du être plus prudente... Mais tout se passera bien, je te le promets." Le vampire, avec un dégoût palpable, la jeta a terre et l'enchaîna avec une telle puissance que la jeune fille se savait désormais prisonnière. Sa moitié gronda de fureur “ Quel être infâme, je m'en vais lui apprendre les bonnes manières !"
"Non ! Fais ce que je t'ai dit: ne t'approche surtout pas. Il me provoque pour que tu viennes. Nous trouverons un moyen de s'en tirer. En attendant, nous parlerons toute les deux. A lui, je ne lui adresserais pas la parole, ou seulement quand ma vengeance sera assouvie et que ses yeux implorants se poseront sur moi."

Le monstre la poussa avec force sous les feuillages, ainsi, elle ne pouvait désormais plus regarder le ciel. Il la fit marcher pendant une demi-heure. Il n'avait prononcé aucun mot pendant cette "balade" et elle s'en réjouit. Les hommes étaient des êtres abominables, assoiffés de pouvoir, rêvant a la domination. Tous des brutes ! Il la dégoûtait un peu plus a chaque pas qu'elle faisait en sa méprisante compagnie. Ammarilla lui faisait savoir par des propos remplis de haine et de colère qu'elle était tout a fait d'accord "Quel mufle ! En plus, je suis sure qu'il sent mauvais !" L'elfe ri intérieurement. Heureusement que sa douce amie se trouvait a ses côtés en cette nuit de déception !

Ils s'arrêtèrent à un gros arbre et elle fut forcée à s’adosser contre celui-ci. Pendant que le valeureux guerrier faisait son tour de garde, la jeune fille soupira « Si seulement cet énergumène pouvait se perdre ! » Mais il revint trop vite a son goût, la considéra avec dédain auquel elle répondit par un regard défiant, et il alla s’asseoir près de l’arbre en face du sien. Ils n’eurent pas le temps de s’observer assez longtemps que le vampire s’assoupit, malgré lui « Enfin ! Ammarilla, tu vas pouvoir… » Elle ne pu finir de formuler sa pensée a l’attention de son dragon, son voisin parlait dans son sommeil. Elyxiria eut du mal a comprendre, en réalité, elle ne saisissait pas ses propos ensommeillés. Il bougeait beaucoup, on aurait même dit des convulsions. Elle en déduit qu’il vivait a cet instant un rêve douloureux. Pleine de curiosité, elle se rapprocha de lui malgré les chaînes qui la retenaient prisonnière. Elle tendit ses mains vers lui, touchant avec douceur son front en sueur. L’elfe prit une grande inspiration et rassembla toute sa concentration, entrant en transe et récitant une incantation sous forme de chant ethnique. En quelques minutes, elle avait réussi à pénétrer dans son rêve, voyant ce qu’il vivait au même moment. Elle distinguait un champ de bataille, reconnaissant tout de même le vampire malgré le chaos qui y régnait. Elle écarquilla soudainement les yeux, une vision d’horreur se déroulant devant elle. Il était agenouillé et couvert de sang, serrant une belle jeune femme dans ses bras. Lisant la tristesse sur le visage de l’homme et voyant que sa bien-aimée ne bougeait plus, l’elfe comprit.

Pourtant, Elyxiria fut rapidement ramenée a la réalité dans la foret. Elle essaya de retrouver ses repères après avoir vu une image si douloureuse. Mais elle se doutait qu’elle aurait affaire avec quelque chose de plus dangereux : le vampire s’était réveillé.

« Montre-moi! »

*Tu vas le regretter… Ceci, sera la dernière erreur de ta pitoyable existence.*

* Si tu veux la revoir intacte, je veux te voir au pied de la forêt à l’aube. Je vous laisse en discuter, je veux ta réponse dans cinq minutes.*

Non.
La fureur grandissante qui émanait du vampire la paralysa davantage. Ses yeux, d’un naturel rouge sang, s’assombrirent et se durcirent sans quitter ceux de la demoiselle. L’erreur était alors belle et bien impardonnable. L’elfe était perdue. Son corps lui criait de fuir, mais son esprit, lui, ne répondait plus. Ammarilla, sentant sa maîtresse en détresse, s’agita avec force « Elyxiria ! Cours ! Va-t-en ! Alerte rouge, danger, danger, DANGER !!! »
Le dragon eut beau faire, la blonde ne réagit pas.

Le vampire s’empara d’elle et la plaqua au sol, son corps sur le sien, ses lèvres parcourant son cou doucement pour arriver à son oreille « Montre-moi ! » Une telle proximité réveilla la jeune elfe, qui, prise d’un dégoût palpable, tenta de repousser l’agresseur mais en vain. Un homme sur elle… Quelle horreur ! Un être aussi méprisable. Elle le détestait tellement.

Il entra alors dans son esprit. Elle se défendit, encouragée par sa dragonne « Ely, qui sait ce qu’il est capable de faire une fois dans ton esprit ? Je t’en supplie, bat-toi mieux que ça ! » Mais un soupir d’Ammarilla lui fit comprendre qui avait gagné « Trop tard. »
Les paroles du vampire sifflaient dans sa tête tel un poison, circulant dans tout son corps jusque dans ses veines.

"Tu vas le regretter… Ceci, sera la dernière erreur de ta pitoyable existence."

L’elfe tremblait toujours, lorsque son dragon rugit de colère « Sors de sa tête sale vampire de pacotille ! Espèce de lâche, attaque toi a quelqu’un de ta taille ! »

"Si tu veux la revoir intacte, je veux te voir au pied de la forêt à l’aube. Je vous laisse en discuter, je veux ta réponse dans cinq minutes."

Elle réussi enfin a le repousser, il n'y vit aucuns inconvénients, le jeu devenait trop amusant pour lui, dominant la situation. L'elfe se faufila entre les bras de l'éphebe qu'il avait entrouvert pour lui permettre une éventuelle sortie, un sourire malsain et joueur sur son beau visage. Le corps de l’agresseur se détacha de celui de sa frêle victime, qui, instinctivement, s’écarta et s’adossa a l’arbre le plus proche « Elyxiria, on a réussi a perdre assez de temps mais cela n’a pas suffit… »
« Tu ne bouges pas. »
La blonde réussit à reprendre le contrôle de son être, elle avait confiance, elle devait tenter ce dernier coup de maître, elle ne perdrait pas si facilement contre un homme « Ammarilla, tu te souviens de ce que m’a appris cet elfe sur le chemin ? Chose difficile a faire bien sur, alors j’aurais besoin de ton énergie aussi, j’espère que tu es prête. »
« C’est de la folie ! »

L’elfe n’écoutait plus, se relevant avec fermeté et prononçant ses mots avec détachement
« Elle est morte dans vos bras impuissants. Son corps sans vie contre le votre. Son sang tachait vos vêtements. Quel effet cela fait-il ? »

Elle se rapprochait doucement de lui, sa morphologie candide se transformant peu a peu.
« Elyxiria arrête ! »

« Quand vous chassez et que votre victime se retrouve sous vos crocs, n’avez-vous pas l’impression de revoir cette scène ? A cause du sang peut être ? »

« Tu vas nous faire tuer ! »

« Que ressentez-vous a l’idée de ne plus jamais entendre les mots Je t’aime de la part de votre bien-aimée ? »

L’elfe avait maintenant une tout autre forme. A quelques pas du vampire, elle se présentait a lui avec des yeux mielleux et un sourire malsain, mais avec une apparence différente. Elle ressemblait a présent trait pour trait a la jeune fille ensanglantée du champ de bataille.

Le vampire la sentit bouger et tenter de s’esquiver de sa présence trop insistante, une pression lui intimait muettement de s’éloigner, de rompre ce contact intolérable et dégradant. Durant un instant Rey ne voulut obtempérer espérant ainsi accroitre le stress de la jeune femme, mais le jeu était trop alléchant pour ne pas s’y laisser prendre. Il écarta alors les bras, un sourire cruel et moqueur destiné à l’elfe qui s’empressait de se retirer et de se terrer près d’un arbre. Nonobstant, loin de sa pression, la blonde semblait reprendre vigueur et courage, son minois craintif se métamorphosait en un masque de volonté. Secrètement, le jeune homme ne pouvait qu’admirer ce contrôle soudain bien que sa fureur ne faiblissait pas et étincelait, puissante, dans ses pupilles pourpres. La méfiance pour ce brusque changement n’était pas laisser pour compte non plus. Chassez le naturel et il revient au galop. Ainsi, à travers un facies méprisant et sournois, Rey restait sur ses gardes et guettait le moindre mouvement qui puisse lui être dangereux, le résultat de l’échange entre le dragon et de la fille ne lui avait pas encore été retourné, il s’attendait à beaucoup… mais surement pas à ça.

« Elle est morte dans vos bras impuissants. Son corps sans vie contre le votre. Son sang tachait vos vêtements. Quel effet cela fait-il ?
Quand vous chassez et que votre victime se retrouve sous vos crocs, n’avez-vous pas l’impression de revoir cette scène ? A cause du sang peut être ? Que ressentez-vous a l’idée de ne plus jamais entendre les mots Je t’aime de la part de votre bien-aimée ? »

La réplique de l’elfe lui coupa sa propre annonce du temps écoulé et le contraignit au silence. Tout en se levant et en s’approchant doucement de lui, la fille continuait de palabrer, ses mots augmentant peu à peu la rage et la tension qui émanait du vampire. La raideur qui s’installait dans tous ses membres était la seule témoin de la douleur qu’il ressentait face aux propos pernicieux. Impassible en surface, il observait gravement le manège de cette stupide créature et constatait avec anxiété que ses traits lui devenaient vaguement familiers. Lorsque la jeune femme n’était plus qu’à quelques pas et qu’elle semblait avoir consumé sa diarrhée verbale aussi malsaine que les idées qui trottaient derrière la tête de l’éphèbe, celui-ci ne put retenir sa rage complètement et des flammes brulantes apparurent entre eux, faisant reculer l’indésirable. Plus la vision de cauchemar serait loin et mieux il se porterait. La souffrance que la fille venait de raviver était insoutenable et Rey n’arrivait pas même à regarder ce visage qu’il avait longtemps férocement désiré revoir.

Fermant les yeux un instant, le vampire s’isola dans un monde sourd et aveugle, monde dans lequel il s’enfermait souvent pour échapper à la vie. Comment avait-elle pu oser? Décidément, cette fille s’enfonçait dans son erreur et s’enterrait d’elle-même. Elle s’insinuait sans vergogne dans l’histoire des uns et des autres. N’avait-elle aucune pudeur en son sein? Si tel était le cas, il n’en aurait aucune pour elle. *Rey…* Enfin! Soowan qui n’était plus loin venait de ressentir l’angoisse de son compagnon et son soupir tendait de l’apaiser. Mais le vampire lui ferma son esprit alors même qu’il ne désirait que sa présence, et fixa de nouveau ce portrait connu. L’espace de quelques secondes, ses poings se serrèrent et sa mâchoire se crispa pour revenir de suite à un état de relative détente. Il se contenta de la fixer avec mépris. Quelque soit l’apparence qu’elle arborait, elle ne serait à jamais qu’une créature répugnante et sans saveur. Elle n’était pas elle.

« Peu importe ce que tu feras, tu ne seras jamais aussi belle et aussi intelligente qu’elle. Ce déguisement n’est qu’une pâle imitation. »

La voix de l’homme, emplit de mépris et suant de moquerie était clair et froide. Glaciale même. Rey était habitué aux tortures et s’était accommodé de celle-ci comme des autres. Jamais il ne perdrait la face, et même s’il brulait d’envie de l’égorger, il opta pour une tout autre position. Ne répondant pas aux interrogations posées, il arbora un large sourire menaçant, il observait la fille, hautain et cruel, et s’avança à son tour. Sa démarche était celle d’un prédateur, souple et rapide, suintant la mort. Et sans crier gare, il partit dans un ricanement mauvais qui se transforma rapidement en un rire dément et sans joie, résonnant à travers la forêt silencieuse et attentive. Cessant net ses éclats, il fixa intensément la fille, arborant toujours un rictus effrayant qui étirait ses lèvres et dévoilait ses crocs luisant. Ses yeux brillaient de faim, de haine et de folie.

« C’est moi, qui l’ai tuée. »

Elle voyait la rage bouillonner en lui. Elle sentait qu'il l'a détestait et tout en détournant son regard, il lui prouva qu'elle avait gagné cette manche. Pourtant, l'elfe savait qu'il ne lui laisserait pas longtemps le goût de la victoire. Il avait soif, un désir ardent de sang, de vengeance, de tout ce que la jeune fille méprisait en réalité. Elle réalisa a quel point ils étaient différents. Toutefois, Elyxiria n'était pas stupide: bien qu'il témoignait de la haine a son égard, il était de sa tribu, il était un elfe au départ avant d'avoir pris les traits de cette créature sans coeur. Que lui était-il arrivé de si grave pour en arriver la?

"Ely, je ne veux pas te presser, mais j'ai de la compagnie ! Et c'est pas un gentil cette fois ! Je sais pas toi mais j'ai pas trop envie de finir en morceaux..."

Oui, son dragon était arrivé, et alors? La jeune fille venait de penser a quelque chose. Et si c'était lui le responsable? Et si cet être vile et insensible était la cause de son orphelinat et de sa quête désespérée? L'idée était a considérer, il avait entièrement le profil. Il était plus âgé, il était sous forme d'un vampire depuis plus de trois ans, du moins il en avait l'air.

L'éphebe lui parlait, mais elle n'écoutait pas. Elle réalisait qu'elle était toujours sous la forme de son elfe, de celle qu'il avait tué. Elyxiria se retrouva son corps en quelques secondes a peine. Il s'était approché et avait rit avec sadisme et cruauté mais elle n'y avait pas payé attention. Ce qui la dérangeait était la fureur qui naissait avec force dans sa tête et qui traversait tout son corps avec rapidité, tel le venin d'un serpent. Oui, sa colère le ferait rire s'il la sentait, elle était tellement frêle et n'avait aucunes chances contre lui, et il le savait plus que bien.

Sa furie s'accumulait et, l'elfe n'étant qu'a quelques centimètres de son agresseur, elle entra dans une sorte de transe. La magie qu'elle avait réunie était beaucoup trop forte pour elle et, ne pouvant s'arrêter, ses yeux prirent une teinte blanche, ses cheveux voltigeant dans le vent qui venait de naître et sa posture restant raide. Sa voix était comme transformée "Je n'ai que faire de ta vie impure, médiocre et sans intérêts. Vois-tu, je sers une cause que j'ai choisi, pas que l'on m'a imposé. Tu n'as pas choisi ton chemin. Mais il a sûrement croisé le mien ou celui de mes ancêtres auparavant." Elle se mit a hurler, faisant trembler toute la foret "Que leur as-tu fait??"

Comme elle était venue, la transe disparut. La jeune fille reprit des couleurs, ses cheveux revinrent a leur place, ses yeux furent de nouveau d'un vert émeraude et le climat revint a la normale.

"Ely, qu'est ce que tu..."

Elyxiria n'entendit pas la fin de la phrase de sa dragonne, s'évanouissant au pieds du vampire, vidée de presque toute son énergie.

Rey exposait une jubilation morbide. Ses yeux exorbités par la haine fixaient avec folie le mirage qu’avait crée sa vis-à-vis. Elle ne semblait pourtant pas s’en soucier, ne pas l’entendre même. Ses pensées l’avaient amenées dans un autre univers, loin de lui et à la fois dangereusement proche puisque son corps était à son entière disposition. Était-elle à ce point inconsciente? La jeunesse l’étreignait encore et la pauvre enfant était bien plus naïve qu’elle n’en paraissait. Naïve et follement sotte. La curiosité de son attitude remplaça doucement sa fureur et le vampire laissa Soowan lui retransmettre les images de son voyage difficile. Sans baisser sa garde devant les changements de visage de la fille qui venait d’ailleurs de reprendre sa véritable apparence, il écoutait et analysait attentivement les nouvelles que lui rapportait le dragon rouge. Ainsi, une petite troupe de rebelles s’était installée dans le désert du Hadarack, à l’abri des dunes brulantes. Ils allaient être très surpris lorsqu’ils leur rendraient une petite visite. Puis la vision d’un dragon doré un peu plus à l’Est fit naitre un sourire cruel sur le faciès de l’éphèbe. *Va et maitrise le, tu dois bien faire trois fois sa taille, ce n’est encore qu’un nouveau né, tout comme sa dragonnière… Puis ramène le moi à l’orée de la forêt, il sera bien obligé de nous suivre.*

A peine avait-il lancé ses directives qu’un évènement étrange le pris au dépourvu. La blonde qui n’avait cessé de se renfrogner pendant les dernières minutes, semblait être arrivée au bout de ses réflexions. Ses cheveux claquèrent sous les bourrasques qui venaient de naitre et cingla violement son visage, tandis que les yeux de la fille devinrent entièrement blanc. Elle suintait la magie et la puissance. Ecarquillant les yeux, Rey recula d’un pas, horrifié. Ce n’était pas possible, ils n’avaient pas le droit, commet avaient-ils pu retenter l’expérience alors que leur premier essai avait sombré au chao totale. Cette recrudescence de magie était quasi similaire à la sienne durant la bataille, moins concentrée et destructrice mais il pouvait en reconnaitre les effets. Lorsqu’elle ouvrit la bouche pour l‘invectiver, sa voix était devenue résonnante et glaciale. Le vampire avait la désagréable impression qu’elle sortait de nulle part et lui vrillait la tête.

"Je n'ai que faire de ta vie impure, médiocre et sans intérêts. Vois-tu, je sers une cause que j'ai choisi, pas que l'on m'a imposé. Tu n'as pas choisi ton chemin. Mais il a sûrement croisé le mien ou celui de mes ancêtres auparavant. Que leur as-tu fait??"

Sortant de sa transe aussi brutalement qu’elle y était entrée, l’elfe s’effondra aux pieds du jeune homme qui s’était bien gardé de la rattraper. Il se contentait de l’observer avec stupeur et incompréhension. Et se demandait bien pourquoi il était tombé sur elle plutôt qu’une autre. Sur tous les dragonniers qui menaçaient et complotaient contre le nouvel Empire, il avait fallu qu’il la rencontre, elle, cette créature encore plus absurde, incohérente et aliénée qu’il aurait jamais eu l’idée de soupçonner. Fronçant les sourcils et le regard sombre, il tentait de comprendre les propos de la fille. Son chemin? Il l’avait choisi seul et à sa connaissance n’avait jamais croisé le sien. Ses paroles n’avaient aucun sens et agaçaient profondément le vampire déjà secoué par le mystère de cet étrange pouvoir. La jeune femme allait le rendre fou avec ses accusations et ses sautes d’humeur. Encore une fois, il regretta sa solitude troublée. Méprisant, il annula la magie qui liait les mains de la belle. Evanouie, elle ne représentait aucun danger et Rey ne voulait pas gaspiller son énergie pour cette énergumène. Il la saisit par la taille et la plaça sur une épaule, tête en bas et face à son dos. Et s’apprêta à avancer pour rejoindre la lisière du bois.

A peine avait-il avancé d’un pas qu’un sifflement le fit se baisser promptement. Il était temps, la flèche venait de frôler le haut de son crâne pour continuer sa route et se ficher dans le tronc de l’arbre derrière lui. Furieux, il releva la tête, les crocs dévoilés, prêt à l’attaque, tenant fermement son butin. Se mouvant avec aisance et rapidité, il évita une nouvelle salve de flèches qui se plantèrent à leur tour loin du vampire. L’éphèbe ricana et avec un sourire mauvais fixa le couvert des arbres avec intensité. Mais ses assaillants restèrent cloitrés dans leur cachette, comme il s’y attendait. Peureux et couards, deux adjectifs qui leur seyaient bien. Sans plus attendre, il s’élança de nouveau entre les troncs et filait, ignorant les froissements légers qui le suivaient jusqu’au moment où un nouveau trait lui érafla le cou. Le vampire se retourna avec rage. Tout comme lui, après avoir réussi à mettre au sol le dragon jaune, Soowan avait eut la désagréable surprise de se retrouver nez à nez avec un autre adversaire beaucoup plus redoutable. Rey parvenait à distinguer les silhouettes de ses ennemis, tandis qu’une ombre s’en détacha et se rapprochait. De concert, le dragon et son dragonnier poussèrent un rugissement sauvage et menaçant. La lumière de cette maudite gamine avait attiré ces stupides elfes, et ils étaient bien trop nombreux pour qu’ils puissent penser à les affronter tous en même temps. Alors que la silhouette continuait d’avancer, l’éphèbe se mit en position d’attaque et l’invectiva.

« Ne t’en fais pas, ton tour viendra bien assez tôt, mais pour l’heure, reste à ta place misérable elfe. »